Il est important de s’interroger sur notre environnement professionnel car nous y passons la majeure partie de notre temps. Aussi, notre univers professionnel favorise-t-il notre créativité et notre épanouissement ou au contraire, donne-t-il lieu à des agissements toxiques de la part des collaborateurs, des supérieurs hiérarchiques, des salariés si vous êtes cadre ou tout autre personne en lien avec votre activité ?
Je souhaite ici évoquer les situations de harcèlement moral. Il faut savoir que cette notion est avant tout juridique. Il s’agit d’un délit en droit pénal qui est puni de 2 ans d’emprisonnement et d’une peine d’amende de 30.000 euros.
En effet, l’article L 222-33-2 du code pénal dispose que « des agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel ».
Le harcèlement moral suppose donc des agissements répétés et non un simple acte isolé. Ils doivent être commis avec l’intention de dégrader les conditions de travail ou de vie au travail, mettant en péril l’emploi de la personne ou dégradant le climat de travail.
Les « agissements » en question peuvent être des actes, des gestes, des comportements, des attitudes ou encore des paroles. Les agissements peuvent prendre des formes très différentes : actes de dénigrement à répétition, propos dégradants et dévalorisants, des sanctions injustifiées, des pratiques visant à isoler la personne, ne pas donner de travail, fixer des objectifs irréalisables, confier du travail inutile, modifier arbitrairement les attributions essentielles du poste de travail…
Quel est le but ?
L’harceleur a pour objectif de se débarrasser de la personne, soit en la poussant à démissionner, soit en la contraignant moralement de façon à la rendre docile tout en l’obligeant à se taire.
Dans son ouvrage, Le harcèlement moral, la violence perverse au quotidien, Marie France HIRIGOYEN explique comment débute ces situations de harcèlement moral en précisant les différents points de départs. Parmi ceux-ci, on trouve :
- Le harcèlement stratégique : le harceleur s’en prend à un travailleur protégé du fait de son mandat électif (syndicat, membre du CE, CHSCT, délégué du personnel), ou d’une femme enceinte, ou d’une personne trop âgée…, et qu’il souhaite voir partir.
- Le motif de la jalousie par rapport un autre collègue.
- La volonté de réduire au silence une personne qui a dénoncé des irrégularités au sein de l’entreprise.
- Le bouc-émissaire ou le souffre-douleur, le harceleur se déchaine sur un individu considéré comme le mouton noir, l’exclut et le maltraite de manière très violente.
- Autre motif : celui du refus de la différence, pour s’en prendre aux personnes qui sortent du lot, qui dérangent.
Que faire en présence de harcèlement moral ?
Dès que l’on souffre, il est important de rompre avec l’isolement et de ne pas rester seul face à la situation. Il ne faut pas laisser la situation perdurer. Plus la personne aura réagi rapidement, moins la situation de harcèlement aura duré et plus, elle aura de chance de bien s’en remettre.
Rappelons, qu’une personne harcelée perd ses repères, et commencera tout d’abord par se remettre en cause. Elle doutera d’elle-même et de ses compétences, pensera qu’elle a mal fait son travail, la conduisant in fine à une perte de confiance et d’estime de soi. Elle met du temps à se rendre compte qu’elle vit quelque chose d’anormal. D’où l’importance de ne pas rester seul et de pouvoir en parler dès que possible.
En effet, bien souvent, la personne harcelée ne peut plus juger si ce qu’elle subit est normal ou pas. Ainsi, en sortant de son isolement, elle va pouvoir évoquer auprès d’un tiers (interlocuteurs professionnels) ce qu’elle vit au travail, de manière concrète et factuelle, et ainsi retrouver ses repères. Enfin, il lui sera alors possible d’envisager des solutions pour se sortir de la situation.
Il existe plusieurs interlocuteurs professionnels à même de recevoir et d’aider des salariés qui pensent être victime de harcèlement :
- Le médecin du travail,
- Un délégué du personnel (DP) ou un membre du CHSCT,
- L’inspecteur du travail,
- Un avocat,
- Un médecin généraliste ou un psychiatre,
- Un psychologue spécialiste du travail,
- Un accompagnant, coach spécialisé dans les relations toxiques au travail comme un juristologue.
Sur le plan juridique, il est important d’être assisté d’un avocat spécialisé en la matière, afin d’adopter au plus tôt les comportements et pratiques utiles pour constituer votre dossier dans un sens qui vous est favorable ; d’autant plus si vous envisagez d’exercer une action en justice. Et même si aucun recours n’est engagé à votre initiative, il est possible que l’auteur du harcèlement retourne la situation et vous poursuive en justice ou encore qu’une procédure disciplinaire intervienne et dans ce cas, il faudra préparer votre défense. D’où l’importance de recueillir rapidement les éléments factuels de preuve (échanges de mail par exemple…), dans l’éventualité de tout type de procédure, interne à l’entreprise ou judiciaire.
Quant au travail de reconstruction personnelle, celui-ci doit s’envisager de façon pluridisciplinaire (médicale, juridique, sociale…).
En tant que juristologue, je peux vous aider à comprendre ce qui vous arrive, les causes de votre souffrance, à identifier, distinguer les conflits de véritables faits de harcèlement, à nommer ces agissements et à vous soutenir psychologiquement.
Cet espace de parole et d’écoute est nécessaire afin que la victime de harcèlement sorte de sa solitude, retrouve ses repères et sa confiance en soi mais aussi dans le monde du travail.
Enfin, vous pourrez également bénéficier de mon éclairage au niveau judiciaire, par la transmission d’information d’ordre général et une explication des procédures pénale et prud’homale.